Un voyage dans « Les Choses » de Perec

L’envie de voyager remplace l’envie d’aller au musée : ne serait-ce que pour des questions de ressenti et donc de raisons politiques post-coloniales. De toute façon, le restaurant dans la machine à laver était fermé à cause du séchoir. J’ai donc dormi dans le micro-onde, c’est génial ma tête tournait sur la plaque (cela faisait des bruits d’oiseaux, je pensai qu’il fallait que je cherche un fusil). Cette envie de voyager se matérialise par cette pensée :

La représentation de la société de consommation dans la littérature

Dans la définition du dictionnaire CNRTL, la société de consommation se définit par : « Société industrielle avancée qui se caractérise par la multiplication des besoins individuels et collectifs et par l’utilisation accrue des biens et des services »

Il faut choisir une destination grâce à une publicité à la télévision mais malheureusement mes escaliers n’ont pas fusionné avec des pâtes bolognaises. De plus, j’évite de remplir les théières, après je comprends les harpons, c’est à dire que je parle leur langue. La destination choisie est :

Les Choses de Perec.

J’achète le billet d’avion :

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qui se convertit en ce texte :

Le contexte d’écriture de Georges Perec se marque par le début de la société de consommation en France ainsi que par Mai 68 qui conteste le consumérisme, le capitalisme et le matérialisme mais qui exalte cette société en même temps dans un désir d’en faire partie et dans un désir de liberté. La société de consommation commence après la Seconde Guerre Mondiale et le Plan Marshall qui reconstruit économiquement l’Europe dévastée par la guerre. Les sociologues américains des années 50 fustigent le concept de la société de consommation en premier, dénonçant le désir perpétuel de besoins qu’elle engrange, le matérialisme incarnant ce désir et une aliénation par le fétichisme de la marchandise. Ils parlent par exemple d’une « société industrielle de consommation dirigée » et de l’installation du capitalisme. La contestation se poursuit avec Mai 68 lors des manifestations étudiantes même si cette contestation n’est pas totale car porteuse d’une exaltation de cette société. Précédant Mai 68, le discours sémiologique (l’étude des signes dans un texte) chez Georges Perec porte une très grande attention à la société diverse et matérielle L’intérêt sémiologique s’inscrit dans un discours des sciences humaines, dans un recul face à la société de consommation. La passion des mots est un moyen intellectuel de rendre compte des problèmes de la société.

Notant que cela m’apprit plein de choses, je me déplace dans l’aéroport et je me dis que je ne suis populaire que dans des milieux aquatiques comme les cadenas. Je visite l’aéroport :

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Or, l’aéroport chevauche une tasse de café, cela me permit de faire du sport sans mon bonnet, ce qui me ravit au plus haut point, sachant que j’étais une exception dans ce domaine. Je cherchais à me confesser dans une tartine de pain mais manquant d’acide sulfurique, j’envisageais d’avorter. Je me dis que je détruisais la planète et pas l’écologie tout en lisant ce texte là :

Perec rencontre Paulette Pétras à Paris en 1959. Ils se marient une année après. Elle part à Sfax où elle est nommée enseignante et le couple part y vivre ensemble une année. Perec retransmet son expérience de Sfax dans Les Choses notamment les sensations de la ville. Le titre Les Choses vient de Paulette. En 1965, l’année de publication du livre, Perec est étudiant et il vit dans un milieu intellectuel de jeunes gens aux conceptions politiques marxistes dont il utilise le matériau pour agencer sa réflexion dans l’écriture du roman. De plus, c’est la période où il écrit des articles critiques dans de nombreux journaux La Nouvelle Critique, Partisans et Clartés : ce qui contribue à nourrir sa réflexion dans Les Choses.

Je passais la sécurité de l’aéroport dans ce texte, le plus dur étant de ne pas avaler ma chaussure :

Les Choses de Perec sont sous-titrées: Une Histoire des années soixante. Le livre a été publié en 1965 dans la collection Lettres nouvelles, Editions Juilliard en France, comprenant 123 pages. Il a gagné le prix Renaudot. Georges Perec dans Les Choses raconte l’histoire de la vie d’un jeune couple de psychosociologues (Sylvie et Jérôme) qui font des enquêtes d’opinion durant les années 60. Ils vivent ensemble à Paris au milieu d’une multitude d’objets qui leur permet de rêver à en acquérir d’autres : d’avoir plus de « choses ». Ils rêvent alors de voyager et d’être riches puis après une forme de réflexion d’avoir une passion et un but à défendre pour donner un sens à leurs vies monotones. Ils décident après de vivre à Sfax en Tunisie : Sylvie devient professeur pendant que Jérôme continue d’accumuler les objets mentalement. Après avoir constaté que c’était un échec, ils retournent en France, obtiennent un nouvel emploi, cette fois bien rémunéré mais leurs vies redeviennent monotones. C’est la question autour de la recherche du bonheur face au matérialisme et le consumérisme.

Je présentais mon billet et mon passeport et rentrais dans l’avion, accueilli par des hôtesses de l’air :

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Je voyageais enfin dans Les Choses de Perec :

La pensée spéculative est le fait de tirer la finitude d’une chose en la considérant comme vraie et en même temps fausse, c’est à dire que dans le cas présent c’est son rapport avec la société de consommation dans le texte de Georges Perec instaurant un doute et donc un onirisme agencé par le genre fantastique.

L’onirisme accompagne la société de consommation dans le texte du roman comme un médium, un regard, pas forcément un impact mais une manière d’en retransmettre la signification et les impératifs de notre société et son besoin de consommation. C’est une approche, une réponse à la question de la consommation. Cet onirisme déploie alors une forme de genre fantastique dans le texte, le jeu avec la limite au fond même si ce récit n’est pas formellement appelé fantastique. Cet onirisme n’est pas forcément une critique de la société mais un questionnement. Cet onirisme devient alors un décor pour le texte rempli d’objets.
Dans Les Choses, cet onirisme est au conditionnel permettant de rêver les objets dans le chapitre 1. L’onirisme est accentué par l’idée d’énumérations d’objets qui ne deviennent pas réels, justement par leur nombre. Le fantastique joue avec cette idée de tableaux d’objets non réels mais comme une vision des personnages. Les objets sont le moyen de parler du décor qu’ils représentent et de la vision des personnages que Georges Perec présente comme fusionnels.

Assis dans mon fauteuil, je visualisais les consignes de sécurités :

 

 

 

Actionnés par l’onirisme, les personnages sont les instruments des objets qu’ils convoitent.
Dans Les Choses, les personnages fusionnels ne sont plus de la matière mais des instruments des objets qu’ils convoitent. Les objets sont présentés dans des énumérations et dans le nombre : les personnages semblent avoir une vie derrière l’amoncellement d’objets. Le récit paraît s’effacer derrière l’amoncellement des objets.

Derrière la société de consommation, dans ce texte de Georges Perec, il y a l’idée d’amour entre les personnages instrumentalisés comme une mise en valeur du besoin de consommer
Dans Les Choses, c’est l’idée d’un couple et leurs consommations.

Je regardais le hublot, tout en me disant que si la vitre était sale, elle aurait été mes lunettes (l’automne aidant) :

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Le paysage est à la fois Sfax et Paris (il ne faut pas respirer l’air en altitude).

Cet amour sous-jacent reflète alors la jouissance dans la consommation.
Dans Les Choses, la jouissance s’annonce par le voyage des personnages et les nouvelles impressions et sensations que leur procurent les lieux. Cette jouissance alors se figure par l’accumulation de la représentation des objets remplissant les voyages. Cette idée de voyage est aussi une métaphore des transports de l’amour.

Les hôtesses de l’air apportent la consommation qui est ce texte là :

La jouissance de la consommation se traduit par l’écriture, produisant un impact sur le langage du texte.
Dans Les Choses, la jouissance de la consommation est transposée dans l’écriture par l’usage fréquent de la description, des hyperboles et des énumérations.

Il faut enlever la ceinture de sécurité car sinon on court moins vite :

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Le langage est porteur de la notion d’apparences et de surfaces pour représenter une idée. C’est une illustration. Ces surfaces alors actionnent l’idée de profondeur, qui creuse la notion de société de consommation. Cette profondeur dans le texte de Georges Perec se marque par des critiques sociétales comprenant la société de consommation mais aussi la société en général.
Dans Les Choses, la profondeur du texte critique le désir constant de possession d’objets amenant à une vie monotone.

Ce texte mène à l’arrivée :

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Et pour finir la Chanson de l’Arrivée !!!

 

Signé Ilana Leneman (ou devrais-je dire Le Passager du Sensible)

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